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Vomir la "trostlose Ungefähr"!
Vomir la "trostlose Ungefähr"!
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13 octobre 2008

"Etaient-ils méchants ? Non, ils étaient rois." V.H

      "On n'est pas misérable sans sentiment" ; qui mieux que Pascal pour commencer à vous sermonner, vous, petits coyotes jaunis de la raison, trop aveuglés encore par la passion inhérente à votre statut social, je veux parler de la haine bien sur ; je ne sais lequel de nos penseurs en charentaises dit un jour ceci, la haine du plus grand vers le plus petit est le mépris, la haine du plus petit vers le plus grand, l'envie. Voilà de quoi faire méditer plus d'un littérateur pantouflard, mais voilà qui laissera l'esprit un tant soit peu éclairé sur une faim qui le rendra elle aussi plus méchant (St Friedrich je m'en remets à toi) de même que le vieux Pascal se fit le penseur de l'évidence et l'enlumineur du savoir populaire. Cette époque est révolu, qui veut d'un deuxième âge d'or?
      L'un parle de Dieu, l'autre parle d'Homme, les deux raisonnent à différents étages, mais à deux étages qui ne sont point comparables, en cela qu'ils ne sont pas ceux de la même bâtisse de la raison. Entendez Dieu en tant qu'idéal, que somme d'idéaux, en tant qu'utopie, et vous verrez déjà plus clair chez l'un et chez l'autre sans avoir pour cela à vous livrez à des malversations que nous pouvons j'en suis sûr laisser à nos moments de désœuvrement, ou bien encore à ceux qui n'ont rien d'autre sur quoi se gausser. Puisqu'il s'agit d'être méchant gratuitement, ayons au moins le bon goût de le faire avec raffinement -je vous entends déjà murmurer, et propose pour vous apaiser l'ouverture d'un nouveau blog, à savoir "Mes Ex, Nihilo."-
      Le Moi est fait de société, et ce dans toutes les acceptions possibles de tous les idiomes de cette phrase. On entend dans vos thèsettes le Moi comme une vérité de fait, alors qu'il ne s'agit que d'un fantasme. Votre corps "matériel" ne vous permet pas de dire Moi, et votre entendement n'est rien de plus qu'une somme de préjugés et de connexions mnémotechniques, que vous remettez en cause certes, en esprits, reconnaissons-le, plus éclairés que la normale, mais que vous remettez en cause pour les remplacer par d'autres. La voilà, l'universalité de la pensée ! Le voilà, le divin ! On a besoin de dieux pour penser, on a besoin, pour penser, d'instituer une universalité là où elle n'est pas toujours et là où elle n'est pas forcément. On a besoin de vérités sures sur lesquelles s'appuyer pour en faire tomber d'autres. Vous voulez faire choire les idoles ? Jouez à Counter Strike ! Ailleurs, tout n'est que précepte divin. Dire que l'on raisonne sur du vent, et le condamner, c'est légitimer l'existence de la phénoménologie, de la psychanalyse, de l'astronomie ; c'est être sans envergure, c'est courber l'échine rationnelle, c'est accepter son sort parce qu'après tout il semble de fait déjà constitué. Il faut avoir du courage pour souffler dans le vent ; car c'est découvrir la petitesse et l'exiguïté des bases de la nécessité de notre existence, et ce même en ce que la nécessité a de nécessaire (ha!ha!)
      Assez sermonné, la chaire est inconfortable, et je vous vois bouillir, vils impies, impatients et aigris déjà face à l'exposé qui s'annonce doucereusement douloureux de votre propre bêtise et de mon propre rayonnement incandescent... Sonnez les hautbois ! Vos armures sont bien lustrés, preux chevaliers ! Vos princesses respectives agitent leurs torchenez avec grâce et virtuosité, nobles seigneurs ! Vos destriers fougueux raclent le sol d'un air fier, vigoureux démiurges ! Et vos écuyers ! Vos écuyers, valeureux rois ! Vos écuyers, les avez-vous payés ? Car la joute qui s'annonce ne doit pas faire oublier les habitudes usuelles que vous impose votre existence sociale. Voilà pour vous Angély, vous qui pensez, en tant que prénouveauanticapitaliste et en tant que penseur de référence de notre Che à nous, Olivier le Magnifique, que la rupture se fait dans la discontinuité. Vous qui pensez que jeter les idoles à terre est l'affaire d'un instant, vous qui pensez que le simple fait de passer, tel le Capitaine Haddock du mauvais côté d'un édifice religieux le fera choir, vous qui pensez, Charles Perraut de notre modernité, qu'on peut appeler liberté ce qui n'est qu'une condamnation reportée à une date qui ne nous concerne pas encore. Ne vous croyez pas à l'abri de ma rigoureuse colère, vieil Angély, parce que vous avez acquis le don de tuer en un idiome toute prétention égotique, et parlons donc du Rêve d'Angély (puisqu'il s'agissait de la faire tôt ou tard, nous voilà débarrassés d'une contrainte pesante.), étrange concept digne du sergent Bertrand. Puisqu'il s'agit de citations pygmalionistes, je vous opposerai celle de Théophile Gautier, "Le buste seul survit à la cité." L'idéal que nous propose la société, et que vous décriez, en bon évangélisateur de nos mœurs de sauvages imberbes, c'est de s'en servir comme moyen : le terme d'élévation sociale le dit bien. Argent, femmes, voitures et tout ce qui s'ensuit est notre motivation, ou tout au moins devrait l'être. Toutefois, l'idéal que vous nous proposez et entendez comme l'idéal basique, l'idéal premier, vous est également dicté par la société. Votre soif de liberté n'est pas autre chose qu'une redite du non-sens gravé au fronticipe de nos mairies. En cela, souffrez que l'on vous moque. S'affranchir de la société, ou tout du moins désirer le faire, c'est toujours en user comme d'un moyen, la considérer comme condition et surtout garantie de votre bonheur, puisque celui-ci s'actualisera semblez vous nous dire lorsque l'on aura su mettre fin à la servitude sociale : la société est donc toujours condition de votre bonheur -puisque celui-ci se constitue en fonction d'elle- en plus d'être condition de votre pensée et même, puisqu'il s'agit de raisonner à la Sean Penn, de votre vie elle-même.
      Penser l'absence de société, c'est toujours déjà penser par rapport à la société ; de la clarté du langage, je ne vous apprend rien. Mais penser que l'on peut "dénouer" les nécessités sociales pour espérer du neuf, voilà qui se devait de nous arrêter. C'est, vous en conviendrez, ce que les penseurs de génie que l'on retient, étudie et vénère aujourd'hui comme tels (pas toujours dans cet ordre d'ailleurs) se sont tenus de faire chacun à leur époque. Dire que cela à impliqué un changement, voilà qui est plus osé ; tout au plus peut-on observer un glissement, un simple déplacement des limites sociales et des normes individuelles, ce qui au final est la même chose. Raisonner comme on espère, cela n'est pas toujours heureux.
      Certes, raisonner ainsi comporte un risque. Si nous considérons toute interaction avec notre existence sociale comme aberrante et illégitime en effet, que nous reste-t-il ? N'est-ce pas la fin de la pensée ? Nous avons besoin de nécessités, il me semble l'avoir déjà dit, et la nécessité est celle-ci. Il s'agit, pour tendre vers la plus pure rationalité, de délaisser tout sentiment, qui est une interaction directe avec la société (nécessité de la vengeance, exemple parmi tant d'autres) pour se consacrer à un raisonnement qui s'abreuve des raisonnements qui ont pu être formulés avant lui -donc des raisonnements acquis dans notre environnement social, nous nous sommes compris- pour se constituer en lui-même, sans interaction directe. Notre pensée, quoiqu'en dise le vieux Friedrich, ne doit pas être outil de domination, mais vase clos qui reçoit mais ne qui dispense pas pour dispenser -c'est sans cela déjà retomber dans le prosélytisme- mais qui dispense parce qu'il s'impose de lui-même comme nécessairement juste. S'il déconstruit, cela ne doit pas résulter d'une volonté de déconstruire à proprement parler, mais d'une volonté de viser juste ; et s'il vise juste, la vieille idole finira, faute d'adorateurs, par tomber d'elle-même. Le reste, messieurs, n'est que bavardages.
      Penser la liberté comme étant extérieure à toute obligation sociale, voilà encore où se cache le divin ; condition inatteignable impliquant donc que ce rêve soit irréalisable. Me dégageant de l'existence sociale en effet, comment puis-je encore goûter au bonheur que semble me promettre la liberté ? A-t-elle un goût sucré ? Je n'en saurai rien, n'ayant pas appris à m'habituer et à aimer le sucré en tant que réminiscence des bonheurs de la condition enfantine. Est-elle belle ? Je n'en saurai rien, n'ayant pas appris à considérer le beau. Placez un chat devant le Clair de Lune de Vernet, et vous saurez ce qu'il advient du beau au sein d'une existence a-sociale.
      Mais, me rétorquerez-vous, qui parle de cessation d'activité sociale ? Je vous parle de la fin des obligations sociales !!
      Mais, vous répondrai-je, vous vous contredisez !
      Fi donc ! Eh bien, vieux sophiste, en quoi donc ?
      Vous formuliez précédemment cher monsieur la requête toute légitime d'une clarté du langage ; mais s'efforcer d'être compris par ses pairs, appelez-vous cela d'une autre manière qu'obligation sociale ?
      Certes, nous devons tout au moins consacrer celle-ci.
      Peu importe alors quel langage sera choisi comme étant le bon ; le clair ou le beau ; il sera le moyen d'établir des vérités normatives qui évoluerons peut-être avec le temps, mais qui ne seront finalement en rien différentes de celles contre lesquelles vous vous élevez fort dignement. Mais votre quête de liberté et de joie dans la liberté est celle de Joseph K. ; à la recherche de celle-ci, il finit par en oublier de vivre. Et meurt dans une carrière, égorgé par des institutions qu'il et qui ne le comprennent pas (là encore, dans tous les sens du terme).
      La société a donc beau être avilissante, débilitante, elle n'en est pas moins nécessaire à sa propre remise en cause. Subtilité qui la rend définitivement nécessaire, intrinsèque même à l'existence humaine ; c'est évident. Et l'on retombe de nouveau dans le vil sophisme qu'il est impossible d'abolir. Et si la société peut être le moyen de notre bonheur, ce dernier ne peut pas se trouver dans la société ; si je bois un cognac, je serai ivre, cela tombe sous le sens, mais dire que c'est le cognac qui contient mon ivresse, voilà qui est plus discutable. J'espère m'être fait entendre.
      Toutefois, dire que l'Individu est maître de son destin est d'une égale absurdité. Il s'agit de briser les pierres du pénitencier ? Faisons-le comme Johnny Cash. "L’individu membre d’une société qu’il constitue n’est pas déterminée par elle cela va de soi", c'est à Calx que je m'adresse ici, voilà qui coule comme de l'eau, pensez donc ! S'il n'est pas déterminé par la société, qu'est-ce alors qui fait un individu ? La volonté de Dieu, ou peut-être celle de Dame Nature, sans doute ! Qu'est-ce même qu'un Individu ? Une somme d'expériences sociales, rien de plus. Nous vivons dans une société où l'homosexualité est à la fois moquée et fait d'une mode au goût certain (vous verrez bientôt qu'il ne s'agit pas d'un coming-out à peine voilé) ; au temps des Grecs ce phénomène était d'une banalité épuisante, et tous les hommes dans leur individualité étaient plus ou moins homosexuels, même Socrate, pourtant pure raison, sans qu'il n'existe de mouvements pour la défense et la sauvegarde de nos chers pédérastes. Cela pourra être pris comme exemple du déterminisme social, mais peut-être s'agit-il de citer Pearl Harbour pour contenter l'un et l'autre ; où les G.I. étaient désemparés devant le sacrifice des kamikazes qu'ils ne comprenaient pas. Exemple parmi tant d'autres qui vient remettre en cause certains de vos dires, cher Calx. "L'Homme n’envisage pas son rapport au monde en fonction de celle-ci, que lui importe de savoir où va le monde s’il ne sait où il va lui-même." Je ne saurai laisser dire cela sans bondir ! Comment alors peut-il l'envisager ? L'immaculée conception de l'entendement sans doute ! Mais laissons cela, son absurdité en dira plus long que tout raisonnement "autant discursif que digressif".

The Dude

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